Une étudiante de l’UQAR ira présenter ses travaux de recherche en Islande

Aude Flamand vient d’obtenir son laissez-passer pour la sixième finale internationale du concours de vulgarisation scientifique Mon projet nordique. L’étudiante à la maîtrise en océanographie s’envolera pour l’Islande en octobre prochain pour présenter ses recherches sur l’impact du dégel du pergélisol.

Mme Flamand est l’une des six finalistes du concours organisé par l’Institut Nordique du Québec (INQ) qui vise à mettre en lumière la relève scientifique qui s’intéresse à des enjeux touchant la nordicité. La finale internationale du concours est présentée depuis 2017 dans le cadre de l’Arctic Circle Assembly, l’un des rendez-vous le plus importants de dialogue et de coopération sur l’avenir de l’Arctique.

L’étudiante de l’ISMER-UQAR consacre sa maîtrise en océanographie à la réactivité et à la caractérisation de la matière organique dissoute issue du dégel du pergélisol. Pour réaliser ses travaux de recherche, elle a prélevé des échantillons dans la région de la mer de Beaufort des mois de juin à août, en 2021.


« J’utilise notamment la spectroscopie de fluorescence et d’absorbance afin de tracer la signature optique de la matière organique dissoute dans un continuum terre-océan (Nuna Taryuk) », explique Mme Flamand. « Mes résultats montrent que la vieille matière qui est nouvellement mobilisée se fait rapidement consommer ou piéger. Son signal s’estompe rapidement une fois qu’elle rejoint l’environnement aquatique. »

Afin de mieux comprendre cette perte de signal, la chercheuse a testé la relation de la matière organique issue du pergélisol aux oxydes de fer, poursuit-elle. « Les oxydes de fer sont connus pour avoir une forte affinité avec la matière organique, en milieu côtier, mais cette relation est moins connue dans un environnement de pergélisol côtier, là où de la très vieille matière est piégée dans un sol gelé depuis des milliers d’années. Pour mes tests, j’ai fait des incubations avec des sédiments de pergélisol et de l’eau de pergélisol en présence d’excès de fer afin de mieux comprendre : quelle fraction de cette matière se fait piéger dans la zone intertidale, une zone d’oxydoréduction. »  

Le pergélisol contient deux fois plus de carbone que l’atmosphère. En raison des changements climatiques, les taux de dégel ne cessent d’augmenter, ce qui amène le pergélisol à relâcher toujours plus de matière organique. « Quand cette matière est exposée à l’atmosphère, elle se fait rapidement dégrader pour être relâchée sous forme de gaz à effet de serre, à la fois par la minéralisation par les bactéries et par la photo-oxydation par les rayons du soleil. Le pergélisol est donc une source importante de gaz à effet de serre dans un contexte de changement climatique. Mes recherches démontrent ainsi qu’une fraction de cette matière relâchée par le dégel du pergélisol est protégée de la dégradation, par les oxydes de fer », explique Mme Flamand.

Dirigée par la professeure Gwénaëlle Chaillou, de l’ISMER-UQAR, et codirigée par le professeur Jean-François Lapierre, de l’Université de Montréal, Aude Flamand prévoit déposer son mémoire à la fin du mois d’août. « Je suis actuellement en phase de rédaction. Je prévois d’aller présenter mes résultats à la communauté de Tuktoykatuk, dans les Territoires du Nord-Ouest où j’ai prélevé mes échantillons, dans le courant de l’été. »

L’Arctic Circle Assembly sera présentée du 13 au 16 octobre à Reykkavik, en Islande. Plus de 2000 personnes provenant d’une soixantaine de pays participent à cette rencontre annuelle.

 

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