Un éclairage inédit sur des glissements de terrain sous-marins du Saint-Laurent

Des chercheurs de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski de l’UQAR viennent d’identifier, de caractériser et de dater une cinquantaine de dépôts issus de glissements sous-marins répartis sur 220 kilomètres dans l’estuaire du Saint-Laurent. Les résultats de leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue internationale Quaternary Science Reviews.

C’est la toute première fois qu’autant de dépôts sous-marins sont datés sur une telle distance de La Malbaie jusqu’à Baie-Comeau. « Les dépôts de glissements sous-marins sont synchrones avec les principaux tremblements de terre historiques de 1663, 1860/1870, 1925 et 1988. Cette synchronicité sur une distance atteignant 220 km de plusieurs glissements de terrain soutient une relation entre leur déclenchement dans l’estuaire du Saint-Laurent et la sismicité régionale », indique Méril Mérindol, candidat au doctorat en océanographie.

C’est au courant de l’été 2020 que l’équipe de recherche a effectué une mission d’une dizaine de jours à bord du navire de recherche Coriolis II. En tout, douze zones d’instabilité sous-marines de l’estuaire du Saint-Laurent ont été cartographiées. Des carottes sédimentaires ont également été prélevées pour mieux comprendre l’origine des glissements de terrain sous-marins. Une cinquantaine de couches dont principalement des turbidites (dépôt sédimentaire généré par un courant de turbidité avec des structures sédimentaires et une granulométrie particulières) ont ainsi été identifiées et datées pour la plupart. En plus des couches associées aux séismes historiques, deux anciens dépôts de glissements sous-marins préhistoriques datés à environ 645 et 1145 ont en outre été identifiés par l’équipe.

La collecte de données a été réalisée dans le cadre du programme de recherche Odyssée Saint-Laurent du Réseau Québec maritime. Le directeur de l’ISMER et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en géologie marine, Guillaume St-Onge, fait partie de l’équipe de recherche avec ses collègues Nabil Sultan et Sébastien Garziglia, de l’Ifremer, et Patrick Lajeunesse, de l’Université Laval.

Les résultats des travaux publiés dans Quaternary Science Reviews montrent que le risque sismique dans le Saint-Laurent est important, souligne Guillaume St-Onge. « En fait, la zone sismique de Charlevoix-Kamouraska/Bas-Saint-Laurent présente un aléa sismique presque aussi élevé que celui de la zone active du Pacifique. Fait à signaler, l’événement du 5 février 1663 – qui a atteint plus de 7 sur l’échelle de Richter – semble être le tremblement de terre le plus important des 2000 dernières années. À lui seul, il aurait déclenché pas moins de neuf glissements de terrains sous-marins. »

La revue Quaternary Science Reviews est une référence mondiale en géosciences. On peut télécharger l’article « Earthquake-triggered submarine landslides in the St. Lawrence Estuary (Québec, Canada) during the last two millennia and the record of the major 1663 CE M ≥7 event » ici

 

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