Bienvenue à Tuktoyaktuk, la Terre des Pingos!

dscf3591 weronika murrayLes pingos sont ces collines de glace, typiques des régions arctiques et qui entourent le village de Tuktoyaktuk, dans les territoires du Nord-Ouest. Au terminus d’une route de près de 150 km, on atteint l’océan Arctique et la communauté de Tuk, qui regroupe plus de 900 habitants. L’objectif de notre expédition est de tracer les eaux issues de la fonte du pergélisol côtier et d’en quantifier les apports à l’océan côtiers. Nous avons deux idées derrière la tête. La première est de caractériser la qualité des eaux issues de la fonte du pergélisol et de la glace massive en nous demandant si cette eau pourrait être une nouvelle ressource d’eau douce pour la communauté. Notre deuxième idée est d’estimer les volumes d’eau qui arrivent à la mer et les flux d’espèces chimiques qui y sont associés, dont le carbone, ceci pour comprendre les impacts de la fonte sur les écosystèmes côtiers.

dscf2203 g chaillouxMa collègue Lauren Kipp de l’Université de Dalhousie et moi-même sommes donc accueillies à Tuk pendant deux semaines pour travailler avec une équipe de Ressources Naturelles Canada menée par Dustin Whalen et des collègues européens. En tout, nous sommes 18 personnes, une grosse équipe qui s’intéresse aussi bien à la géomorphologie, aux risques côtiers et à la biogéochimie du pergélisol. Nous avons aussi la chance de travailler avec une journaliste et une photographe, qui s’intéressent à l’impact du changement climatique sur les communautés arctiques et qui vont nous suivre tout au long de l’expédition.

Nous nous sommes intéressées à trois sites particuliers dans la régiondu delta du Mackenzie: Tuktoyaktuk Island, Peninsula Point et Crumbling Point, des sites qui se caractérisent par des hautes falaises de pergélisol, la présence de glace massive et de coins de glace. Nous y avons récolté de la glace, de l’eau de fonte, mais aussi l’eau souterraine qui s’est infiltrée dans le sol et qui percole jusqu’à la mer. Dans ces échantillons, nous avons mesuré plusieurs traceurs géochimiques tels que le radon, les isotopes du radium, les isotopes stables de l’eau et du carbone. Ces traceurs permettent d’avoir « l’empreinte géochimique » des eaux issues de la fonte. Plus tard, au laboratoire, les analyses seront complétées pour avoir les concentrations de carbone organique et inorganique dissous, de nutriment et de métaux trace. En face de ces sites, des transects de 1 à 2 km ont aussi été réalisés en bateau et de nombreux échantillons d’eau de mer ont été collectés afin d’y analyser ces mêmes éléments chimiques. Ces données devraient permettre de localiser et de quantifier ces apports.

Une des particularités de ce projet est la collaboration avec la communauté de Tuk. Tous les jours des jeunes de 15 à 17 ans et des assistants de terrain de la communauté accompagnaient les différentes équipes sur le terrain. Ces échanges entre nord et sud et l’intégration du savoir traditionnel dans nos travaux de recherche sont essentiels pour un transfert de connaissances efficace au sein des communautés. 

img 0727 g chaillouxCe projet soutenu par Québec Océan et financé par le réseau d’excellence ArcticNet fait partie du programme international Nunataryuk, un vaste programme transdisciplinaire dédié à l’étude de la fonte du pergélisol en Arctique. Pour en savoir plus sur le programme Nunataryuk, visitez le site https://nunataryuk.org/ et pour en apprendre plus sur ce projet particulier lisez le billet suivant (en anglais): https://nunataryuk.org/news/diaries-from-the-field/123-nunataryuk-wp4-tuktoyaktuk-coastal-station

Photo 1, 2 et 3, crédit: Weronika Murray
Photo 4, crédit: Gwénaëlle Chailloux
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